Quel avenir pour l'éolien maritime (ou offshore) en France ?

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Le 4 avril dernier, la Ministre de l’Énergie Ségolène Royal lançait la 3ème vague d’appel d’offres pour l’éolien offshore au large de Dunkerque, dans la continuité des appels d’offres de 2012 et 2014 : une filière ambitieuse portée par le Grenelle de la Mer en 2009.

En France, les énergies marines sont en plein essor.

L’éolien en mer, dit « offshore », est aujourd’hui la forme d’exploitation de l’énergie marine la plus utilisée dans le monde et représente près de 12 105 MW installés. Le fonctionnement est simple : au large des côtes, par environ 50 mètres de fond, une éolienne de grande taille est installée, puis reliée au réseau de distribution par un câble d’export d’énergie. La filière est ambitieuse et d’ici 2020, la France s’est fixée pour objectif d’atteindre 6000 MW d’éolien en mer, afin d’obtenir 23% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique national.

Une filière largement soutenue par l’Etat

eoliennes en arrière plan avec bateau

L’Etat, propriétaire des eaux littorales ou « domaine public maritime », est libre de céder des concessions sur des exploitations pétrolières ou des ports pour les activités littorales. Il a déjà lancé deux appels d’offres couvrant six concessions éoliennes dont quatre zones pour l’année 2012 et deux pour l’année 2014. La gestion de ces zones relève des principaux acteurs de l’éolien, le plus souvent sous la forme de sociétés communes regroupant les grandes entreprises françaises (Areva, Alstom) et leurs partenaires étrangers comme l’Allemand WPD ou le groupe Espagnol Iberdola.

La filière éolienne maritime est une chance pour l’industrie française

L’éolien a une place de choix dans la filière française d’énergies marines : les turbines sont construites au Havre, assemblées dans les ports de Boulogne Sur Mer, Brest ou Saint Nazaire. Les ports situés à proximité des champs d’exploitation sont chargés de la maintenance des équipements.

Toutefois, Areva et Alstom se sont désengagés de la construction de plateformes d'éoliennes en mer en 2016.

L’Etat veut porter une filière éolienne maritime d’excellence et compétitive

Dunkerque sur le modèle du Danemark

eoliennes

La France veut combler et surpasser le retard d’une filière déjà développée depuis 1991 au Danemark, en lançant un troisième appel d’offre, émis le 4 avril 2016 pour une zone implantée au large de Dunkerque. Un appel d’offre qui génère aussi des tensions entre élus, riverains et usagers de la mer. Points de discorde : l’incidence des éoliennes sur la ligne d’horizon, la question de la production des turbines et enfin le partage de l’espace marin. Les tensions se déportent aussi sur le terrain de l’emploi puisque les ports de Dunkerque et de Boulogne-Sur-Mer espéraient tous deux accueillir l’usine de montage de ce troisième appel, un site représentant près de 2000 embauches. C’est finalement le port de Dunkerque qui hébergera le site.

Mais des enseignements ont été tirés des appels d’offres antérieurs

Une procédure de dialogue concurrentiel est mise en place afin de permettre un dialogue entre L’État et les participants pour améliorer les offres en cours de procédure. Autre avancée majeure, la concession du domaine public maritime qui sera accordée au lauréat en même temps que l’appel d’offre. Un gain de temps considérable qui permettra de raccourcir les procédures de mise en exploitation. Le chemin ne sera pas des plus simples pour les six parcs éoliens offshores, avant d’aboutir à la phase d’exploitation. Il en va d’une campagne de communication et de confiance, pour une filière qui doit rassurer les élus, les marins, les populations et les usagers ; sur l’opportunité d’un secteur financièrement et énergétiquement compétitif.

Alors que le Grenelle de la Mer prévoyait 6000 MW d’éolien offshore en 2020 en France, moins de la moitié est réalisée aujourd’hui. Un véritable challenge pour les quatre prochaines années.

L'éolienne en mer en France en 2017

La France rattrape peu à peu son retard dans le déploiement d’une filière compétitive d’exploitation des énergies marines renouvelables malgré son retard initial. Elle peut aujourd’hui, miser sur l’exploitation d’un littoral qui représente le deuxième gisement européen, ressource déterminante pour la compétitivité à venir de la filière française parmi les grands producteurs européens d’énergie marine.