Quelles nouvelles du marché de l'électricité japonais ?

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Le marché de l'électricité japonais a connu une évolution vers la libéralisation dans les années 1990-2000, comme les Etats-Unis et l'Europe, processus accéléré par le coup de massue reçu par le pays lors de la catastrophe de Fukushima. Depuis 2011, le pays vit dans une précarité énergétique liée à la sortie partielle du nucléaire au profit d'un gaz naturel extrêmement coûteux.

La libéralisation du marché japonais

Les étapes de la libéralisation du marché de l'énergie au Japon

La restructuration du marché de l'électricité au Japon a débuté dans les années 1990, afin de corriger les structures de coût élevées et un tarif comparativement élevé du kWh.

Première réforme du secteur de l'électricité (1995)

La loi d'avril 1995 sur l'industrie électrique a ouvert la production d'électricité à des opérateurs indépendants. Les fournisseurs d'électricité, des monopoles régionaux, connaissent alors les prémices de la libéralisation avec une révision du système de tarification de l'électricité, en fonction des coûts.

Deuxième réforme (1999)

La libéralisation avance avec une nouvelle révision de la loi sur l'industrie électrique en 1999. La fourniture d'électricité très haute tension (>20kV) pour les entreprises est ouverte à la concurrence. Les réseaux de transport d'électricité des fournisseurs historiques peuvent alors être utilisés par des concurrents (producteurs et fournisseurs) pour alimenter des clients. Le gouvernement met alors en place des règles d'utilisation des réseaux de transport d'électricité.

En outre, les conditions de fixation des tarifs réglementés sont simplifiées.

Troisième réforme (2003)

Une troisième révision de la loi ouvre à la concurrence le marché des entreprises alimentées en haute tension et disposant d'une puissance souscrite supérieure à 500 kW en avril 2004, puis supérieure à 50 kW en avril 2005.

C'est alors 60% de la consommation d'électricité du pays qui est libéralisée. Ces changements s'accompagnent de nouvelles règles sur l'utilisation des réseaux de transport et de distribution d'électricité.

Enfin, une bourse de l'électricité est créée: le Japan Electric Power Exchange, afin de favoriser les échanges au niveau national.

Quatrième réforme (2008)

Au vu des résultats, il est décidé en 2008 de renoncer à la libéralisation pour les clients domestiques. La libéralisation se poursuit néanmoins par des réformes juridiques améliorant l'environnement concurrentiel, tout en le limitant au marché ouvert en 2005.

Cinquième réforme (2013)

Suite à la catastrophe de Fukushima, le Japon décide de revoir intégralement sa politique sur l'électricité. La politique pour la réforme du système électrique adopté en avril 2013 par le gouvernement repose sur 3 piliers:

  • Accroissement des réseaux électriques de grande taille
  • Libéralisation totale du marché de la fourniture et de la production d'électricité
  • Séparation juridique des activités des opérateurs

Un planning est adopté ainsi:

  • Phase 1 (2015)
    • ​Mise en place d'une Autorité de Régulation du marché
    • Mise en place d'une organisation pour la gestion des réseaux électriques de grande taille
  • ​Phase 2 (2016)
    • ​Introduction d'un système de licences pour la production, la fourniture, le transport et la distribution d'électricité
    • Libéralisation de la fourniture d'électricité (avec conservation, à titre transitoire, du tarif réglementé)
    • Libéralisation totale de la production d'électricité
    • Mise en place d'un marché "1-hour-ahead"
  • ​Phase 3 (2018-2020)
    • ​Séparation structurelle juridique des activités de transport et de distribution des opérateurs électriques historiques
    • Suppression du tarif réglementé
    • Mise en place d'un marché de l'électricité en temps réel pour permettre aux opérateurs de réseau en charge de l'équilibre de gérer celui-ci sur les marchés.

Des opérateurs régionaux

Le Japon d'avant la libéralisation n'a pas un mais deux marchés de l'électricité, eux mêmes subdivisés en monopoles régionaux.

A l'ouest, opèrent 6 fournisseurs sur six réseaux d'une fréquence de 60 Hz, plus ou moins bien interconnectés, et à l'est trois fournisseurs sur trois réseaux d'un fréquence de 50 Hz plutôt bien interconnectés.

Carte Japon

Le prix de l'électricité au Japon

Sans surprise, le prix de l'électricité au Japon est extrêmement élevé. Le pays importe la quasi-totalité de son énergie, pétrole et gaz naturel essentiellement, par bateau.

Il n'est pas évident de fournir des tarifs significatifs, mais on peut ici dire:

  • Que le Japon a introduit une tarification progressive de l'énergie, c'est-à-dire que le prix du kWh augmente avec la consommation par paliers.

Le système de fixation du tarif réglementé

Pour élaborer le tarif réglementé, le gouvernement japonais étudie les coûts des opérateurs, et leur répartition. Les tarifs sont ensuite réévalués régulièrement. La facture d'électricité se décompose ainsi:

Calcul de la facture d'électricité au Japon
Abonnement Fixe
Prix de base du kWh x Consommation
Tarif d'ajustement du coût du combustible x Consommation
Surcharge de soutien aux énergies renouvelables x Consommation
Surcharge de soutien au photovoltaïque x Consommation

Le fonctionnement est donc proche du système français, avec un prix fixe mensuel d'abonnement, et un prix du kWh, sur lequel pèsent différentes taxes, notamment de soutien au développement des énergies renouvelables.

Le tarif d'ajustement du coût du combustible

Mis en place en 1996, ce système permet de sortir du prix de base du kWh la part fluctuante du coût d'approvisionnement en pétrole, gaz naturel et charbon (fluctuation des marchés internationaux et du cours du yen).

Les sources de production d'électricité

Le Japon a produit en 2012 son électricité à partir des sources suivantes:

Part des énergies primaires dans la production d'électricité japonaise
Energie primaire Part 2010 Part 2012 Part 2015
Gaz naturel 29% 48% 39,4%
Charbon 25% 25% 33%
Pétrole 8% 16% 9,8%
Renouvelable 10% 9% 16,9%
Nucléaire 29% 2%

0,9%

Ce sont donc le gaz naturel et le pétrole qui ont compensé la disparition de la production nucléaire suite à Fukushima.

Le soutien au développement des énergies renouvelables

Le gouvernement japonais a mis en place le même système de rachat subventionné de la production d'électricité d'origine renouvelable (sous certains critères) que la France en juillet 2012.

Les producteurs photovoltaïques, éoliens, hydroélectrique (sous conditions de petite taille), biomasse et géothermique bénéficient d'un tarif de rachat plus élevé que la valeur intrinsèque de l'électricité production (exemple 42 yen, soit environ 30 centimes le kWh photovoltaïque).